Billy, c'est fini...

Publié le par Miloon - 27713



Billy,

Je sais que ça fait quelques temps que je m'en fous de tes projets, que je ne veux même plus entendre parler de toi. Tout ça parce que tu m'as déçue.

C'est vrai que j'avais placé beaucoup d'espoir en toi parce qu'à un moment dans ma vie, tu m'as tiré les cheveux pour me sortir la tête de l'eau dans laquelle j'étais en train de me noyer.

Ca a été dur mais salvateur. Tu n'étais pas une idole, tu étais juste un mec qui a su placer des mots sur une douleur qui ne s'explique pas, jamais. Plus efficace qu'une putain de thérapie, plus efficace que les menaces parentales, ou qu'une épaule amie.

Après la guérison, tu m'as offert mon envie de jouer d'un instrument, de chanter, de sociabiliser avec des gens dans un garage, d'aller dans des magasins pour acheter du matos, d'échanger, de débattre. C'était fini les années cloîtrée chez moi parce que "le dehors est affreux". J'allais enfin parler avec d'autres êtres humains.

C'est quelques mois plus tard que je me suis rendue compte, avec le recul, qu'en plus d'avoir su trouver les mots justes, ton autre talent, c'était la musique. Pour de vrai, je veux dire.

C'était pas évident à l'époque parce que j'aurai pu m'accrocher à n'importe qui et me rendre compte après que c'était seulement un moment de faiblesse. Un peu comme quand on se fait plaquer et qu'on se persuade qu'on aime une autre personne pour oublier son chagrin. Tu vois le genre ? Et en fait, toi, c'était pas le cas.

Je suis toujours fâchée contre toi. Et il va me falloir un sacré bout de temps pour te pardonner tes conneries, ton égo de merde et ta flemme. Pourtant quand j'écoute tes anciens albums, ceux que j'écoutais après m'être remise de mon profond chagrin, émotionnellement objective, je vibre toujours. Putain, ce que tu faisais avant, c'était vraiment grandiose.

Alors voilà, si je t'écris aujourd'hui, c'est que j'en ai suffisamment rien à foutre de ta mouille pour pouvoir écrire ses mots sans me mettre en colère. Ouais, putain, j'étais en colère contre toi. Un peu comme quand je m'énerve contre des potes qui ont de l'or en barre dans les doigts et qui font tout foirer.

Non, je n'aurai pas préféré que tu te mettes une balle dans la tête comme certains, que tu mettes fin à ta carrière pour devenir mormon ou une connerie du genre mais enfin, putain, qu'est-ce que t'as branlé ?

Pourquoi tu fais de la musique de merde ? C'était quoi ce message de pisseuse que t'as fait paraître dans le journal pour refonder ton groupe ? Mais pourquoi tu te comportes comme un pauvre quadragénaire hyper nostalgique de sa jeunesse ? T'ai-je à ce point surestimé ? T'ai-je prêté d'avantage d'intelligence que tu en possédais ?

En fait, je pense que c'était inévitable.

Tu te rappelles après le succès mondial de ton groupe ? Quand vous aviez tourné pendant des mois et des mois ? T'aurais pu prendre la grosse tête à ce moment-là. Mais Jonathan a succombé. Et Jimmy devait être mis à l'écart pour éviter qu'il ne lui arrive la même chose. Je me rappelle que beaucoup pensait que c'était une punition mais je pense qu'en fait, tu savais qu'il fallait que tu coupes les ponts pour qu'il se remette en question et qu'il s'en sorte. Enfin c'est ce que je pense. Et puis il n'y a pas eu que ces pertes amies. Ta mère aussi.

Bref, toutes ces épreuves, à cette époque, ça t'a empêché de tomber dans un piège affreux : se regarder le nombril, essayer de refaire la même recette qui t'a apporté le succès et la gloire et faire de la grosse daube.

Mais en 2001, c'était déjà le début de la fin. Un cygne ? Vraiment ? Je me demandais si t'en aurais beaucoup d'autres des idées à la con et quand j'ai ouvert le livret disponible en 2007 pour y voir Paris Hilton, j'ai su que tu étais irrécupérable et que je t'appréciais trop pour te voir t'enfoncer encore plus.

Billy, les Pumpkins c'est fini. Si tu veux, tu peux aller élever des chèvres dans le Larzac, je ne t'en voudrais pas. Pitié, vas-y même. Et ferme ton compte Twitter. Je te jure, ça me fait trop de peine.

Affectueusement,

Publié dans Fiche Artistes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article