Pink Floyd, The Wall, part. 2

Bonjour,
Voici la suite de PART 1.



Les sessions d’enregistrement de cet album vont se passer dans une ambiance difficile, presque chaotique.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, les relations entre Roger Waters et David Gilmour ne sont pas au beau fixe, et le producteur; Bob Ezrin, qu’on appellera à la rescousse, va avoir bien du mal à faire le médiateur entre ces deux personnalités très très fortes.

Mais avant de parler plus en détail de l’enregistrement, quelques mots sur l’origine de ce concept du mur de «The Wall».
L’idée d'un mur qui sépare le groupe du public va venir à Roger Waters suite à deux choses.
Tout d’abord, à cause un concert particulièrement pénible (concert qui a eu lieu le 6 juillet 1977 à Montreal). Le groupe est en tournée pour «Annimals» et le public est particulièrement turbulent. Certains crient, d’autres font sauter des pétards ou des feux d’artifice (en plein concert, oui oui!), tournent le dos au groupe... Ils veulent quoi? Tout simplement des extraits de «Dark Side Of The Moon» ce qui a le don d’énerver Roger Waters.
Ce dernier est le seul, ou presque, à communiquer sur scène. C’est donc lui qui s’adresse au public, qui «chauffe la salle», donne le nom des morceaux, comble les blancs (exceptionnels) dût à des problèmes techniques (avec un humour très british succulent!)... Waters a tenté de calmer le jeu a différentes reprises mais certaines personnes n’en ont que faire, l'ambiance était vraiment survoltée. Roger va donc perdre patience et commencer à s'énerver sur le public pendant le morceau Pigs.Il s’énervera à un tel point qu’il en viendra à cracher sur un membre du public! Tout le monde, y compris Waters, sera choqué par cet acte incontrôlé. Et c’est à partir de ce moment-là que va mûrir dans la tête de Waters ce nouveau projet, un peu dingue et complètement mégalo mais qui s’avèrera d’une efficacité redoutable.
Après ce concert désastreux, Waters va sortir de scène et dire à son manager: J’en ai marre! Je voudrais vraiment construire un mur entre eux et moi!... Et son manager lui répond simplement: "Eh ben vas-y... Fais le!"
Et c’est donc comme ça que naîtra le projet de «The Wall». Certains crieront à la légende, les autres connaissent la vérité.



Evidemment, l’ombre du projet va se projeter doucement sur l’horizon. On ne fabrique pas un album du jour au lendemain! On y réfléchit avant! Et avant d’aller plus loin, je vous propose d’écouter un autre morceau magnifique de l’album, scindé en deux, j’ai nommé Goodbye Blue Sky et Empty Space.

Ces deux morceaux ouvraient la face B. Eh oui, on parle encore de face B car nous sommes en 79 et nous parlons de vinyles. Le CD sera là plus tard. C’est même un double album vinyle comme je vous le disais dans la première propa.

«Goodbye Blue Sky» sera d'ailleurs repris par System Of A Down (entre autres) lors de plusieurs concerts. Sinon, «Empty Space» contient, pour l'anecdote, un message caché! En effet, juste avant que Roger ne chante, sur le canal de gauche, [Interlude: vous devriez faire ça régulièrement: écouter un album avec juste un canal et puis l’autre. On découvre plein de choses! Comme pour les albums des Beatles] vous entendrez ceci: «Congratulations. You've just discovered the secret message. Please send your answer to Old Pink, care of the funny farm, Chalfont. » que l’on peut traduire par«Félicitations. Vous venez juste de découvrir le message secret. Envoyez votre réponse au Vieux Pink dans sa drôle de ferme à Chalfont s’il vous plaît».

C’est encore une allusion de Roger Waters à Syd Barrett,qu’il appelle le Vieux Pink (Floyd), et il commence à donner son adresse. La drôle de ferme serait à comparer à un asile psychiatrique, endroit au Barrett a été enfermé suite à ses abus de LSD. Ensuite, le message est interrompu par ceci: «Roger! Carolyn's on the phone!» (Roger! Caroline au téléphone!). C’est en fait l’ingénieur du son qui interrompt Waters... Nous n’aurons donc pas l’adresse du Vieux Pink.

[C’était une petite histoire dans la grande histoire ...]

Ce petit message n’est qu’un exemple des délires que Waters va réaliser pendant la concrétisation de cet album. Et ce n’est pas la première fois que ça se passe. Sur «The Dark Side Of The Moon», il avait pris un gars qui passait dans la rue pour lui faire dire quelques trucs dans le micro ou encore, le rire du portier du studio qu’on entend à plusieurs reprises. On retrouvait ensuite tout ça sur l’album. Les jeunes groupes devraient relancer ce genre de délires!

Je vous disais donc que ce n’était pas le seul délire de Waters. En effet, Waters voulait enregistrer une sonnerie de téléphone qui sonne dans le vide et se dit qu’il va appeler son batteur, Nick Mason, pensant qu’il n’est pas chez lui. Roger souhaite caler sa voix sur la sonnerie.
Mais Nick est bien là! Et Roger ne s’en rend pas tout de suite compte et continue de chanter dans le téléphone. Mason qui est complètement surpris, entends quelqu’un qui chuchote au téléphone, pense que c’est un dingue qui veut le harceler, et commence à l’injurier. Quel surprise pour Nick d’entendre sa propre voix en train de jurer sur la démo de «The Wall» que Waters proposera au reste du groupe quelques jours plus tard. Je vous laisse imaginer l’ambiance!

Passons à la suite de l’album avec Young Lust qui est un des trois seuls titres à ne pas être signé par Waters seul mais bel et bien par Gilmour et Waters. Ce titre parle du moment où Pink, le héro narrateur de l’histoire, devient une Rock Star, qu’il découvre les groupies et que sa femme le trompe...
Il y aura pas mal de changements dans l’équipe qui entoure le Floyd.
Après avoir produit pratiquement tout ces albums dans les années 70, pour The Wall le groupe va carrément appeler au secours Bob Ezrin. Ce dernier viendra principalement pour remettre un peu d’ordre car il faut savoir qu’à ce moment-là le groupe a enregistré énormément de morceaux, tout est mélangé et Waters lui-même ne s’y retrouve plus! Ezrin va donc patiemment écouter et sélectionner le meilleur.
Ce ne sera donc plus un album produit par Pink Floyd mais par Ezrin, Waters et Gilmour.
Mason (batteur) et Wright (claviériste) seront réduits à de simples musiciens de studio.

C’est Caroline Waters, alors épouse de Roger, qui présentera Ezrin au groupe. Ce type n’est pas un inconnu! En effet, c’est lui qui a signé plusieurs albums deAlice Cooper, Berlin de Lou Reed ou encore, le tout premier album de Peter Gabriel!
Autre changement, c’est au niveau de l’ingénieur du son. Brian Humphries qui travaillait avec le groupe depuis ses débuts, décide de se retirer. Alan Parsonsera trop impliqué dans son projet «Alan Parson Project» pour aider le groupe comme il l’a fait sur «The Dark Side Of The Moon» et comme les musiciens du Floyd veulent du nouveau (et du connu), ils vont engager comme ingénieur du son, un certain James Gutherie! Il a travaillé pour Runner, Judas Priest, ... Gutherie fera un travail tellement impeccable sur «The Wall» qu’il est toujours l’ingénieur du son attitré du groupe encore aujourd’hui mais aussi de tous leurs différents travaux! Principalement les ré-éditions d’album mais aussi sur les albums solos de Gilmour et Waters.



Le morceau suivant sur l’album se nomme Don’t Leave Me Now. Alors, si Gutherie est un monstre de patience, ce n’est pas le cas de Ezrin qui est là pour se faire de l’argent.
Il a un tempérament nettement plus agressif et instable que James. Qui plus est, il est fâché avec sa montre et n’arrive jamais à l’heure! Waters à horreur de ça. Encore une complication pour cet album...
Mais le pire de tout c’est que le groupe doit quitter l’Angleterre à cause de problèmes fiscaux! Après les millions engrangés par «Annimals» le groupe s’est acheté un studio et s’est fait rouler par un collaborateur véreux et donc n’a plus assez d’argent pour les impôts de la couronne! En plus, Gutheries et Ezrin sont très friands de nouvelles technologies qui coûtent une fortune! Le studio du groupe à du mal à suivre. Ils vont quitter l’Angleterre le temps que leurs avocats règlent le problème.
Chose réussie vu qu’encore aujourd’hui le groupe est une vraie pompe à fric! En attendant, le groupe se retrouve en France, à quelques kilomètres de Nice, dans un village microscopique nommé Berre-Les-Alpes. Gilmour et Wright connaissent très bien car ils y ont enregistrés des projets solos exceptionnels! Et c’est dans ce studio que tout le travail de fond sera fait.

Pendant les sessions d’enregistrements, les relations entre Richard Wright et les autres membres du groupe vont se dégrader. EMI, la maison de disque, veut que le groupe finisse son album avant la fin 79.
Richard, qui avait prévu des vacances, refuse de les écourter pour mettre en boîte ses sessions de clavier. Les membres qui travaillent dur n’apprécieront pas du tout ce manque d’implication. Waters veut alors virer «cet ignoble paresseux» pour reprendre plus ou moins ses termes.
Aussi dit, aussitôt fait, Wrigth devient donc un musicien de studio. Pour la tournée, il jouera sous le même statut. Ce type n’a vraiment pas de chance car lors de la reformation du groupe, Gilmour va l’auditionner comme n’importe quel claviériste avant d’accepter de le reprendre. Il aura bu le calice jusqu’à la lie...

Le départ de Wright sera sujet à de nombreuses rumeurs. Ajoutons au départ le fait que Waters et Gilmour se tirent dans les pattes et que Mason est remplacé une fois sur deux, vous aurez la formidable ambiance qui permet d’avoir un album aussi explosif et exceptionnel! On est loin de la déconne du début. Et tout ça sera enregistré dans 5 studios différents afin de changer d’air.

On cloturera cette deuxième partie par le morceaux Hey You, morceau où Pink se rend compte qu’il a fait une erreur en se coupant complètement du monde, derrière son mur. Et c’est plutôt rassurant quand on voit à quel point cet oeuvre est auto biographique pour Roger Waters!
Il essayera (Pink) en vain de contacter des personnes extérieurs mais le mur bloque toute communication. Finalement, Pink sombrera dans la folie et rejoindra le mouvement fasciste «Worms»...


La suite au prochain et dernier épisode ;)